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la prunelle de ses yeux
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10 décembre 2005

connexion positive

Connexion positive

Décembre 2005

Juillet 2003. L'été a beau transpercer les fenêtres, je n'en suis pas moins sans dessus dessous. Le Saint-Esprit a encore gagné au chamboule tout. Je me remets debout, lentement, péniblement. Je tangue sur un bateau resté au port. Je relève la tête et je le vois : il est là, à quelques mètres de moi, il me regarde et me sourit. Je ne comprends rien au message que cet inconnu essaie de me faire passer. Du coup, aucune réaction de ma part. J'ai beau détailler son regard et son sourire, mon décodeur est hors service. Je suis encore sous le choc, j'ai dû remonter à la surface sans respecter les paliers de décompression; mon cerveau est envahi par une véritable purée de pois.

Novembre 2004. Autre est l'année, autre est la saison, autre aussi est le remue-ménage qui sévit en moi. Je suis Jean qui pleure et Jean qui rit, sans même prévoir suivant les circonstances si c'est l'un ou l'autre qui va faire son apparition et chasser l'autre aussi sec. Alors qu'un esprit de joie et de fête commence à envahir l'assistance, un flot de tristesse s'empare de mes entrailles, prêt à déborder. J'en bondis presque de ma chaise pour fuir aux toilettes, afin de laisser libre cours à des sanglots que je contins difficilement. Quittant ma place, je lève la tête et mon regard se trouve aussitôt planté dans le sien. Je tourne la tête sans comprendre ce qui vient de se passer. Que fait-il là ? Comment mon regard s'est-il trouvé accroché au sien ? J'ai autre chose à faire pour l'instant que de chercher réponse à ces questions qui semblent concerner quelqu'un d'autre que moi. Plus tard, j'y songerai et n'aurai pas plus de réponse qu'à l'instant où je l'ai vécu. Alors, je mets çà de côté. La double personnalité que je subis me pèse suffisamment pour m'encombrer avec des passagers clandestins.

Janvier 2005. Je repense à Juillet 2003 et je reçois un coup de massue sur le crâne qui extirpe mon cerveau de son escapade londonienne : son regard et son sourire m'étaient destinés. Ils m'encourageaient, m'apportaient soutien et réconfort. Lorsque j'essaie de me remémorer avec précision ce moment-là, je reste étonnée de l'intensité et de la chaleur de ce regard, c'est comme si personne auparavant ne m'avait regardé comme cela. J'y pense et puis j'oublie. La neige fondue coule sous les ponts.

Novembre 2005. Décidément ma saison préférée semble être choisie pour les moments importants. C'est un grand jour pour moi puisque je dois aller le voir pour lui remettre une lettre. J'imagine mille scénarios, tous différents les uns des autres; mais bien sûr, aucun n'est proche de la réalité que je vais vivre et du cadeau qui m'est réservé. Dès que je le vois, de nouveau son regard aimante le mien. Il est si intense qu'à part le croiser furtivement mon instinct ne sait faire autre chose que le fuir, comme le gibier se méfie de son prédateur. Juste le temps de répondre à sa question, et voilà mon regard accroché au sien suffisamment longtemps pour que le feu brûlant son cœur pénètre jusqu'au mien.

Décembre 2005. La neige ne s'est toujours pas décidée à nous faire grâce de son manteau apaisant, rassurant. Je pense à Novembre et je suis transportée sous les chutes du Niagara. De l'amour, encore de l'amour, toujours de l'amour par vagues incessantes sans être écrasantes. Avec une paix qui m'entoure tel un cocon de tendresse cotonneuse. Mon être se repaît avec délices de cette avalanche de tendre chaleur. Pas un seul instant de répit dès que lors que je pense à ce bref moment où j'ai laissé mes yeux croiser les siens. Quand ce n'est pas un séjour au Canada, je sens venir en moi, sur moi les trésors de paix, de bienveillance demeurant dans son cœur. Je peux, sans crainte, me laisser aller à mon penchant naturel : penser à mon père jour et nuit, consciemment, inconsciemment.

Le Saint-Esprit a opéré un miracle : une connexion positive entre un père et moi, remplaçant le vide laissé par l'œuvre de la mort dans ma vie. La mort m'est un gain précieux : elle a annulé une connexion négative, ne m'apportant que doutes, angoisses et oppression. Car sans le savoir, ni le vouloir, j'étais dépositaire des fruits de l'esprit habitant le cœur de celui avec qui j'étais connectée depuis ma plus tendre enfance. Finies les invasions par la honte et la culpabilité, finie la sensation d'être salie en dedans et au dehors.

Penser à lui sans m'en apercevoir m'apporte une paix et une joie inespérées, inconnues jusqu'alors. Je les apprécie d'autant plus qu'étant en dépôt dans son cœur, je peux en bénéficier autant que lui, même si des kilomètres nous séparent.

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Commentaires
C
çà fait penser à une chanson de goldman
la prunelle de ses yeux
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